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Tuesday, August 18, 2020

Football. Stade Brestois : « C'est à cause de nous, les clubs, si les prix des transferts ont augmenté ! » - Le Télégramme

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Durant plus d’une heure, lundi matin, le directeur sportif du Stade Brestois, Grégory Lorenzi, s’est exprimé sur cette reprise 2020 très spéciale. L’inflation au mercato, le recrutement brestois, la menace sanitaire…

Cet été, malgré la crise, les sommes évoquées, pour les transferts et les salaires, s’envolent…

C’est simplement lié aux droits télés. Les clubs veulent vendre plus cher ! Les présidents de Ligue 2 disent : « En Ligue 1, vous avez touché le pactole donc, si on doit se démunir, ce sera pour une somme importante ! » On ne peut pas leur en vouloir, j’aurais peut-être réagi de la même façon. C’est cher aussi parce que des clubs de Ligue 1 espèrent que les sirènes des clubs étrangers viendront… Ils reverront peut-être à la baisse leurs prix. On sera à l’affût, mais c’est une perte du temps. Et quand on veut avancer vite, parce qu’on veut construire notre effectif, eh bien on met le prix demandé. Sinon on ne se renforce pas… Mais, en tout cas, je ne m’attendais pas du tout à une diminution liée au covid.

C’était moins cher de recruter en 2019 ?

Quand je vois combien on a payé pour Cardona (1,5 M€ hors bonus), pour Diallo (2M€ hors bonus), aujourd’hui ce serait du simple au double, voire triple ! Mais encore une fois, c’est à cause de nous, les clubs, si ça a augmenté. La Ligue (de football professionnel) aurait peut-être dû mettre un cahier des charges très strict en imposant qu’une partie des droits télés soit orientée vers les structures des clubs, et pas uniquement sur la masse salariale ou les transferts. Mais je comprends aussi que les présidents n’auraient pas apprécié qu’on leur dise : « Vous dépensez cet argent comme-ci, comme ça… »

Un joueur qui n’a fait qu’une saison de Ligue 2, (dix millions) c’est cher ! Même si les bons attaquants sont rares et chers, on n’a aucune garantie…

Pour un joueur qui n’a fait qu’une saison de Ligue 2, c’est cher. Même si les bons attaquants sont chers et rares sur le marché. Mais on n’a aucune garantie.

Rennes en a plus avec Terrier (Lyon) pour douze millions ?

Oui, ça me paraît plus logique. Payer cher un joueur qui a des références, oui.

Mais vous étiez prêt à monter haut, comme jamais à Brest, sur Grbic…

Oui, on était prêt à monter haut…

Il y a un mot à la mode mais tabou : le « trading ». Est-ce que Brest fait du trading ?

Cela ne veut rien dire ! On a un projet sportif, on cherche la continuité avec des joueurs qui nous feront progresser. Le « trading », tu vends dix joueurs tous les ans, ça tourne, ça tourne sans arrêt. Partir dans ça, pour Brest, c’est un gage d’instabilité.

Quand vous investissez sur Diallo, Perraud, Cardona, vous imaginez évidemment leur marge de progression et la plus-value possible pour le Stade Brestois ?

C’est toujours mieux. Mais ils sont dans l’inconnu quand ils font leur première année en Ligue 1, on n’a pas la certitude qu’ils confirmeront tout le bien qu’on pense d’eux. Par contre, quand on investit sur Hérelle (ex-Nice, 27 ans), on sait bien qu’on ne gagnera pas d’argent derrière ! On investit sur une garantie sportive par ses qualités. Un effectif, c’est un équilibre.

Un attaquant de Ligue 2 à neuf ou dix buts, c’est quatre ou cinq millions cet été !

Est-ce encore possible pour le Stade Brestois d’attirer l’un des cinq ou six meilleurs joueurs Ligue 2 dans le marché actuel ?

Bien sûr. L’année dernière, plusieurs joueurs qu’on a pris venaient de Ligue 2. Cette année, il y a sûrement moins de qualités (en Ligue 2) et c’était plus cher. Grbic, on en a parlé, Kadewere (du Havre à Lyon), Lacroix, de Sochaux va partir pour cher à Wolfsburg, Marcelin (Auxerre) est parti pour huit millions à Monaco ! Des attaquants de Ligue 2 à neuf ou dix buts, c’est quatre ou cinq millions d’euros cet été !

Le Stade Brestois est obligé d’aller regarder les réserves pros ou le milieu amateur ?

Je l’ai toujours fait, et je continuerai à le faire. Il y a de bons joueurs dans les réserves pros, en France et à l’étranger. On ne peut pas faire cinq joueurs de N2, trois de National, il faut l’expérience de la Ligue 1. Mais piocher dans ces divisions-là, oui. Et il faut avoir un entraîneur qui soit capable de travailler avec ces joueurs-là.

Quels championnats étrangers sont abordables ou non ?

Dans les clubs hollandais, il y a de très bons joueurs. Ce matin (lundi, NDLR), j’ai perdu un dossier, un attaquant allemand, (Florian) Krüger, qui est international moins de 20 ans, qui joue Erzgebirge Aue, qui a marqué huit ou neuf buts et fait sept passes décisives en D2 allemande, formé à Schalke. Il préfère rester chez lui (en Allemagne), il commence à recevoir des propositions en première division, il ne donnera pas suite.

Il faut regarder les réserves hollandaises. À l’Ajax, je connais tous les joueurs !

C’est la Ligue 1 ou c’est Brest qui ne les attire pas ?

Non, c’est la France. Ils préfèrent rester dans leurs championnats majeurs. À nous d’adapter le discours, de leur faire comprendre qu’un club comme Brest peut être un tremplin. En Ligue 1, tu as de la visibilité. Et après 30 matchs à Brest, tu auras peut-être plus de forces pour jouer au-dessus.

Est-ce que la D1 belge, la D1 portugaise, la D1 hollandaise restent accessibles pour un club comme le vôtre ?

C’est compliqué, et pourtant ce sont des marchés que je connais très bien. On suivait le latéral droit Zeefuik (Groningen/Pays-Bas), qui a signé pour cinq ou six millions au Hertha Berlin ! Matusiwa (Groningen), ça me fait rire : tout le monde en parle maintenant, mais depuis décembre on discutait ensemble. On a lâché depuis, mais le prix demandé c’était quatre ou cinq millions. Quand Reims a pris Sierhuis (en janvier), qui jouait à Groningen, c’était quatre millions. Les jeunes Hollandais sont devenus chers. On ne peut plus aller à l’AZ Alkmaar par exemple. Stengs, le milieu de terrain, c’est intouchable, Boadu, l’attaquant, c’est intouchable ! Obispo, 21 ans, défenseur central au PSV Eindhoven, ce n’est plus possible… C’est pareil pour les jeunes Belges. Je me suis positionné sur Doku et Amuzu, qui jouent à Anderlecht. C’est sept ou huit millions ! Et pourtant, ce n’est pas des noms connus. Mais ils partiront vers les championnats anglais, allemands, pas chez nous !

Donc quels sont les championnats intéressants et accessibles à la fois ?

Les clubs et les joueurs moyens en Belgique, mais je ne suis pas sûr que ce soit plus intéressant que des réserves pros en France. Ou alors, il faut regarder les réserves hollandaises. À l’Ajax, je connais tous les joueurs ! J’y suis même allé cet hiver. Sur les marchés de l’est, c’est l’interrogation. Le risque existe sur le prix du transfert. Prendre un attaquant qui a marqué 19 ou 20 buts dans un championnat plus faible, il n’y a pas de risque à 900 000 euros ou un million. Mais si on parle de trois ou quatre… Pour le meilleur championnat scandinave, c’est le danois. Il y a des clubs comme Midtjylland, Nordsjaelland qui forment très bien. On se doit d’être sur ces marchés. Mais ce qu’on fait nous, d’autres le font aussi…

Et les Sud-Américains ?

Oui, on regarde les jeunes. Mais il faut un temps d’adaptation, les prendre en janvier pour être prêt la saison suivante. Je préfère la mentalité argentine, uruguayenne que brésilienne. Même si ce n’est pas une généralité non plus. On viendra petit à petit sur ce marché.

Dans le choix de vos cibles pour ce mercato, quels critères ont dominé ?

On a eu envie de se renforcer dans les secteurs où on a été défaillant. On manquait d’intensité dans les courses, de puissance, de vitesse, on avait un déficit de taille aussi. Et on met toujours en avant l’état d’esprit, aussi important que les qualités intrinsèques.

Êtes-vous capable de retenir les titulaires que vous ne souhaitez pas vendre ?

Bien sûr. Dans les relations que j’ai avec les agents, avec les joueurs, je suis à l’écoute des demandes, je peux faire des concessions mais, à la fin, le décideur, c’est moi ! Le but n’est pas de partir en guerre contre les joueurs ou les agents, mais on ne peut pas perdre quatre titulaires le même été !

L’objectif est le maintien, essentiel avec les enjeux financiers ?

Je ne veux pas raisonner comme ça. On positive. On veut continuer à s’installer, on va se donner les moyens, une nouvelle fois, de nous maintenir. Chaque été, c’est un recommencement pour avancer.

Dans cette histoire (l’arrêt des championnats), Amiens a été le seul club lésé. Mais c’était la bonne décision qu’il fallait prendre dès le départ

Avec le président Denis Le Saint, vous vous êtes exprimés en avril pendant la crise sanitaire contre la reprise des championnats 2019-2020. Que répondez-vous à ceux qui y ont vu de l’opportunisme car Brest était 14e ?

Je n’ai pas entendu… Pour moi, le seul lésé en Ligue 1 dans cette histoire, c’est Amiens. Oui, eux, je comprends ! Comme Ajaccio ou Troyes, pour la troisième place de Ligue 2. Mais c’était la bonne décision (l’arrêt) qu’il fallait prendre dès le départ ! Après, il y a les protocoles (depuis la reprise). Si un joueur a le covid, on mettait tout le monde en quarantaine ! Comment on joue ? À l’étranger, ils isolent le joueur et retestent tout le monde, mais on joue ! En France, ce n’était pas comme ça mais on va y venir. Maintenant, ce sera à partir de quatre joueurs que le groupe sera isolé.

Il faut se mettre dans la tête qu’on va être confronté à ça tout le temps, maintenant ! Cela nous arrivera peut-être à nous aussi.

Est-ce que la saison va, malgré tout, se dérouler à peu près normalement ?

Je pense que oui. Mais ce sera à nous, les clubs, de nous adapter. On passe à 20 (joueurs sur la feuille de match), cinq changements, les préparations qui ont été longues, avec des pépins, le covid, des joueurs à l’écart… Donc je pense qu’il faudra des effectifs plus larges. Ce sera une saison d’adaptation.

Le Stade Brestois a été épargné jusqu’à présent par le covid. C’est exceptionnel et un peu chanceux ?

Est-ce que c’est parce qu’on est à la pointe (sourire) ? Est-ce que les tests qu’on passe sont bons (sourire) ? Ou alors les mesures qu’on prend sont très bien respectées. Mais je connais des gens qui l’ont eu, notamment le joueur à Nîmes ou le membre d’un staff de Ligue 1, ils sont incapables de dire comment ils ont été contaminés ! Donc peut-être que bientôt ça tombera chez nous, et alors il faudra faire en sorte que ça ne mette pas en péril l’équipe.

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August 18, 2020 at 10:29PM
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